TOURISME. Le Forum Tourisme qui se déroule ce soir, jeudi 4 décembre 2003, se penchera sur le grand projet de mise en valeur conjuguée du quartier Labat et de la tomate.
La revanche des oubliés
Thomas Mèneret
Il est étonnant de constater qu’en matière de tourisme, Marmande néglige ses deux alliés les plus sûrs. Le quartier Labat, sous-exploité, et la tomate, sous-célébrée, tiennent-ils enfin leur revanche ? La municipalité, en tout cas, a décidé de se porter à leur chevet. En engageant une étude (lire par ailleurs) auprès de Pascale Mottura, consultante en ingénierie culturelle, et de Bruno Donzet, architecte, directeur du cabinet “Prospective & Patrimoine”, les élus ont souhaité disposer d’un diagnostic sur lequel s’appuyer afin de valoriser, comme il se doit, ces deux piliers de l’identité marmandaise. La tomate ? Il suffit de poser la question pour s’apercevoir que l’association immédiate de la ville à son fruit imprègne une majorité de consciences , tout du moins dans la région. Or, Marmande ne rend guère la pareille à son emblématique plante potagère.
“Nous avons certes une fête et une course cycliste mais au final, c’est bien peu”, juge Anne Mahieu, conseillère municipale en charge du patrimoine. “C’est comme si on avait honte de miser sur la tomate pour assurer la promotion de la ville”. Le fruit, pourtant, n’a rien de ringard, comme le souligne Pascale Mottura (lire ci-dessous). Pour le quartier Labat, c’est la même problématique : la ville dispose là d’une pépite au potentiel inexploité. “C’est le coeur historique de la ville, son quartier phare, au patrimoine immobilier et architectural reconnu. Il possède tous les atouts pour connaître un vrai développement commercial et touristique : environnement agréable, contiguë du centre-ville, maisons de caractère, stationnements à proximité. Il ne manque qu’un équipement structurant pour porter ce développement”.



La tomate,
un produit d’appel “extraordinaire”

Pascale Mottura, directrice de Parallaxe conseil, travaille depuis des mois sur la place de la tomate dans le paysage marmandais, tant d’un point de vue historique, qu’économique et symbolique.
Le diagnostic qu’elle livre est porteur d’un grand espoir, sans pour autant se priver d’appuyer là où ça fait mal : “Je ne pense pas que Marmande soit forcément associée à la tomate. La symbolique locale, voire régionale, est sûrement forte, mais elle ne s’applique plus dès que l’on s’éloigne du territoire. Il faut voir une chose : Marmande et l’Aquitaine en général ne sont plus du tout en position de leader sur ce créneau. On constate aujourd’hui un doute des élus sur ce produit. Il y a plusieurs choses à considérer. En soi, le potentiel de la tomate est évident. C’est un produit extraordinaire, qui a un coefficient de sympathie énorme. L’un des plus consommés en France et dans le monde. En ce sens, vouloir le mettre en valeur est une démarche pleine de pertinence. D’autant que Marmande néglige la tomate. Le produit n’est pas visible sur la ville. Il y a dix fêtes de la tomate dans le monde dont cinq en France. Celle de Marmande ne dure qu’une journée, c’est la plus courte. Il faut que les élus y croient. Et il faut faire vite. Car d’autres régions comme PACA ou la Bretagne, leader sur ce produit, pourraient y penser avant Marmande. Reste que ce projet touristique autour de la tomate apparaît indissociable d’une vraie réflexion au niveau de la filière agricole concernée. Aujourd’hui, on est dans un modèle de production de masse avec sur Marmande 98 % de la production sous serres. Ce modèle convient-il à une opération de promotion touristique autour de la tomate ? Cette dernière pourra-t-elle faire l’économie d’une certaine réorganisation de la filière, avec relance de la production traditionnelle, porteuse d’une véritable valeur gustative, développement de la notion de terroir, réflexion autour de la création d’une AOC ? Autant de valeurs auxquelles les gens sont très attachés aujourd’hui. Certes le projet touristique pourra peut-être se passer de cette révolution. Mais cette dernière donnerait une cohérence évidente au projet”.
Mariage. Consacrer le mariage du quartier Labat et de la tomate, voilà le grand projet en gestation.
Au début, l’idée d’une Maison ou Conservatoire de la Tomate dominait. Un concept finalement délaissé au profit d’une série de pôles, disséminés dans le quartier, où la mairie multiplie les acquisitions. “On se dirige plutôt vers divers points consacrés à la tomate qui pourrait être déclinée sous tous ses modes : gastronomique, historique, culturel...” poursuit Anne Mahieu. “Cela correspond davantage à la tendance actuelle qui privilégie le concept de circuit. Les gens aiment bien aller d’un point à un autre. Une serre et un jardin de la tomate pourraient compléter le dispositif.
Parallèlement, l’installation d’artisans d’art dans les différentes maisons acquises par la ville est également envisagée. Dans la même optique, une réflexion est engagée qui vise à valoriser la maison des Arts, elle aussi sous-utilisée.
L’envergure de l’opération est à la hauteur des ambitions qu’elle s’est fixée : redonner à un quartier “oublié”, par la grâce d’un fruit, son statut de coeur battant de la ville. Les premières réalisations pourraient intervenir dès l’année prochaine.
Le programme de la soirée
Le Forum Tourisme se déroule cet après-midi et ce soir à l’Espace Expo.
18 heures : Ouverture du Forum par le maire, Gérard Gouzes. Présentation des pistes de réflexion par Michel Ceruti, adjoint chargé du tourisme et Jean-Paul Gondellon, conseiller municipal, président de l’Office de tourisme. Interventions : Didier Benedetti, directeur du Comité départemental du tourisme sur “la politique touristique du Lot-et-Garonne” ; Philippe Marmiesse, agent de développement touristique : “Le projet du territoire Val de Garonne”.
18 h 30 : Débat
19 h 45 : Apéritif et buffet gascon
20 h 30 : Présentation du projet “Maison de la Tomate” et développement du quartier Labat par Pascale Mottura, consultante, et Bruno Donzet, architecte.
21 heures : Définition des actions prioritaires et création de groupes pour un travail futur.