Intervention 2002

Forum des solutions pour le développement
des musées, sites patrimoniaux et équipements culturels

ARCHIVE FORUM PTOLÉMÉE - 22 & 23 octobre 2002.
Cité des Sciences et de l'Industrie, Paris
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Session C4 : Les clubs d’entreprises mécènes : une voie nouvelle pour le financement des musées en régions ?
On observe aujourd’hui une déconcentration et une décentralisation des actions de mécénat qui privilégient les actions de proximité. A ce phénomène s’ajoute une tendance pour des initiatives combinant “culture”, “solidarité” et “environnement”. Quelques partenariats exemplaires.

Intervenants :
• Jean-Luc Dufresne, conservateur des musées de Cherbourg-Octeville
• Thierry Lafond, directeur Hôtel Mercure, chargé des relations publiques du club des partenaires du Musée Toulouse-Lautrec d'Albi

Pascale Mottura, consultante en ingénierie culturelle, tourisme et communication, Paris

Synthèse :
L’émergence, en France, de clubs d’entreprises mécènes est assez récente (apparition dans les années 80, développement dans les années 90) ce qui explique que nos concitoyens les connaissent peu. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les PME et PMI sont majoritaires dans le mécénat total en France (selon l’Admical, en 2002, 70 % des entreprises mécènes sont des PME-PMI contre 65% en 1998). Pour ces entreprises, le mécénat permet une valorisation de leur image ainsi qu’une plus grande convivialité grâce à l’implication des salariés sur des actions hors du champ habituel d’intervention de l’entreprise. De plus, la création d’un club autour d’un mécénat commun est une réponse aux contraintes de temps et de moyens qu’éprouvent les PME pour gérer le mécénat.
Il existe deux types de clubs : les plus nombreux sont nés à l’initiative d’établissements culturels, du type AROP (Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris). Les autres, plus récents, sont nés à l’initiative des entreprises elles-mêmes et s’illustrent dans des actions culturelles, sociales ou environnementales… tels que Mécènentreprise Rhône-Alpes, le Club Prisme à Reims ou le Club des entrepreneurs La Borie en Limousin…


Se pose à présent la question de la place des clubs d’entreprises mécènes. Ont-ils un but purement économique ? Sont-ils nécessaires à la survie d’un musée ?

Pour Thierry Lafond, directeur de l’hôtel Mercure d’Albi et chargé des relations publiques du club des partenaires du musée Toulouse Lautrec d’Albi, le club d’entreprises n’est pas un moyen de trouver des fonds pour le musée. En effet, le musée Toulouse Lautrec est également doté d’une association des amis du musée qui remplit cette fonction. Le club des partenaires du musée est plutôt un moyen de développer au niveau mondial la renommée du musée en prenant en charge sa communication externe. En retour, le club permet d’accroître la notoriété des 96 entreprises partenaires qui valorisent leur image de marque en s’appuyant sur la célébrité de l’artiste. Le club des partenaires du musée Toulouse Lautrec devient également, par certains aspects, un acteur du développement culturel et touristique de la ville d’Albi (lancement d’événements, promotion de l’image de la ville et du musée à l’étranger). Enfin, le club des partenaires du musée Toulouse Lautrec représente un tissu relationnel qui permet aux entreprises et au musée de développer des relations d’affaires.

Jean Luc Dufresne, conservateur des musées de Cherbourg-Octeville, souhaite quant à lui créer un club d’entreprises mécènes sur le long terme. En effet, à part les grands groupes tels que Hewlet Packard et la BNP, les musées de Cherbourg n’ont que des partenaires modestes. Ainsi, ceux-ci pourraient devenir un allié de taille en s’associant par le biais d’un club. C’est en effet une piste très intéressante d’articuler les missions des associations des amis de musées avec l’existence d’un club d’entreprises.

Pascale Mottura, consultante en ingénierie culturelle, souligne en conclusion que les clubs d’entreprises mécènes offrent une nouvelle manière d’appréhender le mécénat et constituent une bonne alternative au mécénat des grandes entreprises dans un contexte économique fragile et fluctuant. Ce type de mécénat procure de nombreux avantages tant aux entreprises qu’au bénéficiaire, notamment en termes de réseaux, de fidélisation et de moindre dépendance.
Est-il besoin de souligner que le succès des initiatives des clubs d’entreprises mécènes dépend essentiellement de la motivation et de la volonté des hommes qui s’y investissent ?